Venez découvrir un des joyaux de l’art roman de la Vallée de la Briance : l’église abbatiale de Solignac.
Un peu d’histoire
Les premières mentions du lieu de Solemniacum datent d’environ 630. Le roi Dagobert permet à son conseiller Saint Eloi, originaire de la région de Limoges, d’y faire construire une église. Les sources concernant l’abbaye se limitent, pour l’époque mérovingienne, à des copies de la charte de fondation de l’abbaye.
Saint-Pierre de Solignac se trouve aux Xe et XI e siècles à la tête d’un patrimoine exceptionnel ; aux XIIe et XIIIe siècles, sa puissance foncière est à son apogée. Au cours de la guerre de Cent Ans, l’abbaye passe sous le contrôle des Anglais. L’abbaye et son mobilier sont vendus comme bien national en 1791 tandis que les religieux se dispersent. Les bâtiments ont abrité successivement une prison pour des prêtres réfractaires, une institution de jeunes filles, et enfin une fabrique de porcelaine !
Une architecture majestueuse
Cas exceptionnel en Limousin, l’église abbatiale de Solignac fait partie d’un groupe d’églises à files de coupoles. Son élévation extérieure est majestueuse, constituée de larges contreforts plats et de colonnes s’élevant jusqu’au toit. L’église abbatiale fut construite sur une longue période : la nef au cours de la première moitié du XIIe siècle, le chœur et le transept après l’incendie de 1178 et le clocher porche au début du XIIIe siècle.
Le chœur se compose d’une abside à trois absidioles voûtées en cul-de-four. L’abbatiale actuelle a sans doute été construite pour l’essentiel au cours du XIIe siècle. Elle a fait l’objet de restaurations aux XVIIe et XVIIIe siècles.
A voir absolument
La reconstruction de l’abbaye débute au XVe siècle, une période où l’abbaye s’orne d’un mobilier spectaculaire avec de magnifiques stalles. Ces stalles, le plus souvent en bois, étaient réservées aux seuls clercs. A l’origine, ces compartiments étaient séparés les uns des autres par des parcloses, où chaque religieux devait suivre les offices debout.
Avec le temps, les prières deviennent de plus en plus longues et fréquentes dans la journée, obligeant la création d’un siège mobile, nommé miséricorde (sièges de merci). En effet, ces derniers permettaient aux religieux de s’appuyer sur la sellette afin de reposer leurs jambes lorsque le siège était relevé, tout en donnant l’apparence d’être debout !
Les superbes stalles en chêne de Solignac ont été réalisées entre 1457 et 1484, lorsque Martial Bony de la Vergne était abbé. Elles présentent un magnifique décor en demi-relief sur l’ensemble de leur composition, avec des représentations tout à fait inattendues sur les miséricordes. Sous nos yeux ébahis apparaissent des figures amusantes, moqueuses grimaçantes, voire licencieuses, propres au registre profane.
Le décor sculpté de l’église abbatiale de Solignac
Les chapiteaux de la première travée de la nef paraissent quelque peu archaïques : ils présentent un damier de petites cavités ou des palmettes traitées en méplat, les corbeaux donnent à voir tantôt une tête de félin, tantôt une sorte de modillon “à copeaux” ou deux têtes d’animaux accolées.
Aux chapiteaux des autres travées, on retrouve des masques aux bras levés, des palmettes, des gueules de monstres tenant des rinceaux, et sur les culots, des enroulements de volutes et un chat grimaçant. Dans le chœur, les chapiteaux risquent de vous faire frissonner : griffons saisis au col et à la queue par deux hommes, personnages luttant avec des serpents entrelacés vous attendent.
Les peintures romanes de l’église abbatiale de Solignac
A l’entrée du transept droit, vous pourrez admirer une peinture du XVème représentant saint Christophe : peinture qui reprend librement la “légende dorée” de Jacques de Voragine (XIIIe siècle) à laquelle elle ajoute les armoiries de donateurs.
En bas de la peinture, on aperçoit un navire, modèle en cours aux XIVe et XVe siècles, sans rapport avec la légende. Une vigie guette l’horizon depuis la hune, un passager semble tendre quelque chose à un monstre marin et un autre passager semble plutôt mal en point. L’abbé Martial Bony de La Vergne qui fit sculpter les stalles est vraisemblablement l’un des donateurs à l’origine de cette peinture.
Sources : Centre de la culture du Limousin médiéval